Entendons bien le mot ‘martyr’ dans le sens de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Devant le danger d’une mort qui était omniprésent dans le pays, ils ont fait le choix de vivre jusqu’au bout, par amour, les liens de fraternité et d’amitié qu’ils avaient tissés avec leurs frères et sœurs algériens. Ils ont voulu partager le sort tragique de leurs voisins.

Le communiqué des évêques d’Algérie associe en effet à ces prêtres et religieuses assassinés toutes les victimes de ces années noires : « nous faisons mémoire des 99 imams qui ont perdu la vie pour avoir refusé de justifier la violence. Nous pensons aux intellectuels, écrivains, journalistes, hommes de science ou d’art, membres des forces de l’ordre, mais aussi aux milliers de pères et mères de famille et aux enfants, humbles anonymes emportés dans la même violence ».

Le 8 mai 1994, de faux policiers abattent deux religieux en charge d’une bibliothèque à Alger. Ce n’est que le début d’une longue liste dans laquelle s’inscrivent successivement en lettres de sang, deux sœurs espagnoles augustiniennes abattues dans la rue à Bal El Oued, quatre Pères Blancs tués dans leur maison à Tizi Ouzou, deux sœurs de N. Dame des Apôtres, une Petite Sœur du Sacré Cœur de Ch. de Foucauld, les 7 moines de Tibhérine et Mgr Pierre Claverie, tué devant sa porte, auquel on ne peut pas ne pas lier la mort de son chauffeur Mohamed. « Je reste avec eux, je souffre avec eux », avait expliqué à sa famille le Père Jean Chevillard, l’un des quatre Pères Blancs assassinés. Quand on aime quelqu’un, on ne l’abandonne pas au moment de l’épreuve.

Photo des 4 confrères, ci-contre : De gauche à droite : P. Jean Chevillard, P. Alain Dieulangard, P. Charly Deckers, P. Christian Chessel qui a fait une année de spiritualité à Fribourg, Africanum.

« Nous sommes tous appelés à donner notre vie dans le détail de nos journées au service du bien de tous… » a confié le pape François dans une préface d’un livre en hommage aux moines de Tibhérine.