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  • Auteur: Joe Buholzer

Charles LAVIGERIE. Bien connaître sa vie

Cette année 2025, notre Société marque le bi-centenaire de sa naissance. Une opportunité pour mieux connaître son charisme et son engagement qui demeure toujours actuel.

Charles Lavigerie est né à Bayonne, en 1825, dans une famille aisée. Deux simples servantes l'ont initié à la foi chrétienne et à la prière. Mais ses parents lui ont donné un esprit ouvert, à ne pas craindre de relever différents défis…  

Après ses classes, ayant terminé une formation théologique, l'évêque lui propose donc  continuer les études, en vue d’une licence en lettres. Après son ordination en 1849, il est retourné à la Sorbonne pour terminer ses études avec un doctorat qui lui ouvre la porte de professeur d'histoire de l'Église. Il s'intéresse alors beaucoup à l'histoire, et notamment à l'organisation de l'Eglise au  Moyen Orient dans les premiers siècles. Cette expérience l'inspirera plus tard...

En 1860, il est nommé directeur de l'Oeuvre d'Orient, une organisation destinée à aider les chrétiens de l'Empire Ottoman - ce qui lui donne un nouvel élan. La même année, à la suite du massacre de chrétiens par les Druzes au Liban et à Damas, Lavigerie se rend en Syrie. Il y découvre l'histoire et la vie des Communautés Chrétiennes d'Orient. C'est aussi sa première rencontre avec l'Islam. Il passe trois mois au Liban et en Syrie pour organiser de l'aide. A Damas, il rend visite à l'émir Abd-El-Kadr, exilé mais originaire du Maghreb, une grande personnalité et un homme ouvert, qui a protégé même des chrétiens et leur a sauvé la vie. Lavigerie commente : » … Je l’écoutais avec admiration et bonheur parler, lui musulman sincère, un langage que le christianisme n’eût pas désavoué… »

Suit une courte période de 4 ans à Nancy - en tant qu'évêque du diocèse. Il était jeune et dynamique. Avec d'autres évêques, Lavigerie se rend en pèlerinage à Tours pour l'inauguration de la nouvelle église au tombeau de Saint-Martin. Cette même nuit, il a fait un rêve : il est transporté dans un pays inconnu, lointain. Et en réalité, il se verra offert par le maréchal Mac-Mahon (gouverneur général de l'Algérie) le poste d'arch-evêque d'Alger - une offre inattendue, mais qu'il accepte volontiers, avec l'approbation de Rome (1866).

LAVIGERIE EN ALGÉRIE - La situation en Afrique du Nord était alors difficile: Sécheresse, choléra, famine... Ainsi, à partir du printemps 1866, une série de catastrophes sanitaires et naturelles s'abat sur l'Algérie. Dans cette situation difficile, Lavigerie s'engage et ouvre des orphelinats et recherche du personnel prêt à l'aider...

Lavigerie a trouvé en Algérie une Eglise et un clergé, mais qui n'était pas à la hauteur des défis, car il ne s'occupait que des Européens. Mais il se considère comme l'évêque de tous, Européens et Arabes : « Je réclame le privilège de vous aimer comme mes fils, même si vous ne me reconnaissez pas comme votre père. C’est ma foi qui me donne ce privilège. Car elle me dit que vous êtes l’œuvre du même Dieu, sauvé par le même sang… » Et Lavigerie s'efforcera inlassablement d'être l'évêque et pasteur de tous.

Et il réfléchissait et se demandait : Pourquoi l'Eglise a-t-elle si peu de succès chez les Arabes, pourquoi est-elle si absente ? Et sa réponse : …parce qu'elle ne les rencontre pas à leur niveau : leur langue et leur culture... Il faut désormais des hommes et des femmes qui parlent leur langue, qui mangent leur nourriture, qui vivent comme eux. Des hommes et des femmes animés par un esprit missionnaire, par un grand courage et une foi exemplaire. – Et c'est le début des Pères Blancs (1868) et des Sœurs Blanches en Afrique du Nord (1869)... Ils/elles devront se faire « tout à tous »... D'abord en Afrique du Nord.

UNE PORTE D'ENTRÉE VERS L'INTÉRIEUR DE L'AFRIQUE : Mais le XIXe siècle a vu aussi l'exploration de l'Afrique subsaharienne et de l'Afrique centrale. Et que compte faire l'Église ? Où se situe-t-elle dans ce nouveau défi ? - Lavigerie voit l'Algérie comme une porte d'entrée vers l'intérieur de l'Afrique. C'est ainsi qu'en 1876, il envoie la première caravane à travers le Sahara... Malgré une bonne préparation, les trois missionnaires de cette caravane ont été massacrés...

Mais Lavigerie prépare déjà un nouveau plan: en1878, une autre caravane de missionnaires arrive au port de Mombassa, sur la côte Est de l'Afrique. Après un voyage de trois mois, elle atteint les rives du lac Victoria et s'installe en Ouganda...  D'autres caravanes de Pères/Frères et de Sœurs suivront, souvent dans des conditions très difficiles.L'aventure africaine des Pères Blancs et des Sœurs Blanches est en marche.

NB : Article suivant sur la vie de Lavigerie dans un nouveau fichier en réalisation.

Sa vision personnelle de la Mission

Sa vision de la Mission : Avec la fondation de ses Congrégations missionnaires, Lavigerie insiste beaucoup sur la qualité de ses membres ; voici quelques points précis :

a./ Une foi personnelle : Ce qui est fondamental, c'est sa foi personnelle. Ce n'est qu'à cette condition qu'il peut être missionnaire. Pour être apôtre, il faut être un «homme de Dieu.. D'où l'importance d'une vie spirituelle personnelle intense. Les premiers formateurs au noviciat des PB étaient les Jésuites. Leur spiritualité ignatienne donne aux candidats une base solide : «Vous n'êtes pas des voyageurs ordinaires, vous n'êtes pas des explorateurs.... Vous êtes des apôtres, vous n’êtes que cela...". - Et : « Vous ne convertirez ni ne sanctifierez per-sonne si vous ne travaillez pas d'abord courageusement à vous sanctifier vous-mêmes… 

b./ La foi en un Dieu qui aime et veut aimer tous les hommes : « Nous savons que tous les hommes sont fils d'un même Père, que, quelle que soit la couleur de leur visage, leur âme reflète l'image de Dieu.... Et : « Dieu ouvre à tous ses bras de Père, le Christ offre à tous, sans exceptions, les mérites de ses travaux de ses sueurs et de son sang. Aucun homme n’en est exclu dans ce monde. Tous ont des secours suffisants du moins vers ce fleuve de miséricorde qui, parti du sommet du Calvaire, se répand sur tout l’univers. Supposez-les déshérités de toute chose, il y en a une qui ne leur peut manquer, c’est, je le répète, une grâce de Dieu, le Père et le Sauveur commun de tous les hommes, leur donne suffisante pour arriver enfin jusqu’à lui, du moins pour ceux qui veulent en user».

Alors qu'il venait d'être nommé évêque d'Alger, il avait déclaré: « Je revendique le privilège de vous aimer comme mes fils, même si vous ne me reconnaissez pas comme votre père. C'est ma foi qui me donne ce privilège. Car elle me dit que vous êtes l'œuvre du même Dieu, sauvés par le même sang...". -  Donc une spiritualité ouverte, non pas repliée sur elle-même... mais avec une forte dimension apostolique.